L’aranéologue Christine Rollard a trois jours pour combattre les idées reçues. Ils ne seront pas de trop car les fantasmes fabriqués autour des araignées sont innombrables… et dangereux.
Source de passion mais surtout de répulsion, l’araignée ne laisse pas indifférente. La docteur en science Christine Rollard, maître de conférence au prestigieux Muséum d’Histoire naturelle de Paris, est l’invitée du deuxième festival Téciverdi. Elle entend d’abord tordre le coup à un certain nombre d’idées fausses sur ses protégées. En voici un petit florilège :
Les araignées piquent.
Faux – Elles mordent leurs proies.
Elles sont dangereuses pour l’homme.
Faux – La plupart sont parfaitement inoffensives.
D’abord parce que nous ne sommes pas une proie pour elles.
Ensuite parce que le plus souvent nous n’avons pas les récepteurs aux toxines de leur venin.
Pour les autres, certaines espèces de veuves noires ou de mygales qui pourraient nous blesser, il existe des sérums parfaitement efficaces. C’est le cas notamment pour les morsures de l’espèce la plus dangereuse : l’atrax robustus d’Australie.
On dénombre moins de 5 décès par an, sur l’ensemble du globe, liés à une morsure d’araignée.
Nous connaissons toutes les espèces d’araignées.
Faux – De 100 à 200 nouvelles espèces sont découvertes chaque année.
Leur nombre est de plus 42 000 à ce jour.
Les mygales sont toutes tropicales.
Faux – Il existe 40 espèces de mygales européennes, dont 20 sont présentes en France. Il existe 2700 espèces de mygale.
Christine Rollard rappelle que les araignées sont d’excellentes bio-indicatrices. « Leur présence signifie qu’il y a des insectes dans le secteur, donc que le milieu est plutôt sain. » Les araignées peuvent avaler jusqu’à 20 fois leur poids par jour. Un individu dévore 400 millions d’insectes par hectare et par an.
Nous sommes donc tenus de remercier ces chères araignées pour leur fonction d’insecticide naturel, de dévoreuse de moustiques et autres insupportables mouches.
Même s’il doit nous en coûter Christine Rollard préconise de laisser courir ces sympathiques bestioles le long de nos murs et plafonds, même dans la chambre à coucher, juste avant de s’endormir.
Les mygales profitent de notre sommeil pour venir s’abreuver au coin de nos bouches entrouvertes.
Faux, pas plus qu’elles ne viennent nous mordre pendant la nuit. « Dans toute ma carrière je n’ai connu que 3 morsures avérées. A moins d’une allergie particulière, les réactions ne dépassent pas le stade du petit bouton. »
(Le 30 juin 2012)