Les moineaux domestiques sont de moins en moins nombreux dans les villes européennes. Une étude est menée à Niort afin de tenter de comprendre pourquoi.
Parking du fast-food de l’avenue de La Rochelle à Niort. Frédéric Angelier et François Brischoux ont tendu des filets entre les arbres pour capturer les moineaux. Depuis 10 heures ce matin, ils patientent dans leur voiture transformée en laboratoire.
Tous deux travaillent au Centre d’études biologiques de Chizé, qui dépend du CNRS. Les deux chercheurs ont mis en place un projet d’études pour connaître l’impact de l’urbanisation sur les moineaux domestiques. «Leur population est en fort déclin au niveau européen, surtout dans les pays nordiques» précise Frédéric Angelier. «Dans certaines villes, ils ont presque totalement disparu. Nous voulons comprendre pourquoi. Est-ce un problème de reproduction ou de survie ? Sont-ils stressés ? Est-ce à cause du bruit ? Sont-ils victimes de la pollution ? Sont-ils contaminés par les métaux lourds ?»
Des nichoirs dans les écoles
Chaque oiseau piégé par le filet est examiné sous toutes les coutures, pesé, mesuré (avec un pied à coulisse) et bagué. Deux prises de sang sont effectuées à quelques minutes d’intervalle, le taux d’hormones dans le sang permettant d’évaluer le niveau de stress. Le moineau est ensuite relâché.
Ce jour-là, les deux chercheurs n'ont «ausculté» que quatre adultes : une «journée assez moyenne». Ils reviendront la semaine prochaine, comme toutes les semaines. Alizée Meillère, la doctorante qui consacre sa thèse à ce sujet, prendra son tour elle aussi.
Le suivi de l'étude dans laquelle ils se sont lancés demande beaucoup de temps. Et ils ne sont pas trop de trois pour se partager le travail. Aux opérations de captures s'ajoute en effet la surveillance des nichoirs. Il y en a 75 au total, répartis sur cinq sites différents à Niort : notamment dans les cours des écoles élémentaires des Brizeaux, Emile-Zola, Pierre de Coubertin et Louis-Aragon.
Les nichoirs sont contrôlés deux fois par semaine. « On ouvre, on regarde s’il y a des œufs ou des poussins, on les pèse et on les mesure » énumère Frédéric Angelier. C’est aussi l’occasion d’expliquer le projet aux élèves. « La sensibilisation fait partie de notre mission. » Les enfants sont généralement très réceptifs. Les élèves de Louis Aragon ont même ouvert une rubrique sur le site internet de l'école, qu'ils alimentent avec des textes et des photos.
L'étude doit durer trois ans. Les résultats devraient être riches d'enseignements. "Les moineaux sont sédentaires, ce sont de bons marqueurs de l'environnement" souligne Frédéric Angelier. Et ils sont aussi très opportunistes. Si bien que les frites égarées sur le parking du fast-food sont entrées dans leur alimentation !
(Le 11 juin 2013)