:12 ans d'âge – A hauteur d'hommes

12 ans d’âge, le premier long-métrage du Niortais Frédéric Proust (avec François Berléand et Patrick Chesnais), sort le 26 juin. A voir en avant-première dans la grande salle du Moulin du Roc, dès le 19 juin, à 20h30, en présence de l’auteur. Un premier regard…

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12 ans d’âge, le premier long-métrage du Niortais Frédéric Proust (avec François Berléand et Patrick Chesnais), sort le 26 juin. A voir en avant-première dans la grande salle du Moulin du Roc, dès le 19 juin, à 20h30, en présence de l’auteur. Un premier regard…

Si un whisky pouvait être à la fois léger, teinté d’amertume, rester en bouche après dégustation et faire comme « un truc au ventre », il serait une belle allégorie de ce 12 ans d’âge.

Le film commence par une scène savoureuse : le pot de départ en retraite de Charles (François Berléand). Ses collègues banquiers, si tristement conformes, ont préparé un petit discours et un petit cadeau. Pierre (Patrick Chesnais), l’inséparable ami, assiste à la cérémonie convenue. Charles prend la parole pour tout envoyer balader. Pierrot est aux anges. Par ici la grande vie. Les deux excités n'ont plus d'entraves. La Mercedès sera leur navette pour courir après le temps.

Balancer des cailloux vers un pêcheur
On s’amuse devant 12 ans d’âge. On sourit parce que les deux zigotos sont lâchés. Ils font des conneries que l’on a tous plus ou moins rêvé de faire : balancer des cailloux vers un pêcheur incrédule « pour faire venir le poisson de leur côté », se moquer d’un « blaireau » exposant son 4X4 à vendre et provoquer une bagarre avec un quidam qui n’y est pour rien… Charles et Pierre vont même jusqu’à préparer un casse dans l’ex- banque du premier. Les Pieds Nickelés à pied d’œuvre !

Mais le film est autant une ode à la liberté, qu’une tendre réflexion sur la difficulté d’être. Le hiatus entre soi et la réalité. Plus dégagés que la moyenne des artifices sociaux, les duettistes n’en sont pas moins aux prises avec leurs propres limites, leurs faiblesses, leurs contradictions. Fred Proust traite cela avec légèreté et un humour un brin désenchanté.

Monstres sacrés
L’écriture des deux personnages principaux est ciselée. Les rôles sont servis par deux quasi monstres sacrés du cinéma français. Berléand, Chesnais, difficile d’imaginer meilleur casting pour ces types pince sans rire, décalés, iconoclastes.
Complices et bardés de points communs, Charles et Pierre sont pourtant très différents. Pierrot vit une histoire d’amour décousue avec Cathy (Florence Thomassin). Il habite en appart’, fume, boit, souffre en silence comme un vieux rockeur. On apprend au détour qu’il a été prof de musique à une période de sa vie. Il n’a pas mis l’ambition professionnelle au cœur de son projet de vie. C’est le moins que l’on puisse dire. Et alors ?
Charles a fait plus de concessions que Pierre, il est moins radical et jusqu’au-boutiste, un peu plus construit. Il est entouré de sa femme (Dany, Anne Consigny), sa fille (Manon, Elise Lhomeau), son gendre (Ahmed, Aymen Saïdi)... Il vit dans un pavillon avec jardin et balancelle.

Le réalisateur niortais évoque la filiation des Valseuses. Ainsi pourrait-on relier les Pierrot de Bertrand Blier (Patrick Dewaere) et de Fred Proust (Patrick Chesnais), envisager le prolongement de la vie de Jean-Claude (Gérard Depardieu) en celle de Charles (François Berléand)… ou vice versa ? Histoire de siroter encore ce 12 ans d’âge...

 

Karl Duquesnoy (Mai-Juin 2013)

 Voir la bande annonce (très conseillé)

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