Du 7 au 9 juin, les compagnies Carabosse et Teatro Linéa de Sombra dévoilent Article 13, un spectacle aussi intime qu'imposant... qui a bien failli ne jamais voir le jour.
Le spectacle Article 13, dont les premiers pas se feront lors des répétitions générales publiques le 7, 8 et 9 juin à Noron, est un mémorial riche, émouvant et itinérant, consacré à ces migrants dont on ne retient souvent que les gros titres qu'ils inspirent aux journaux. Co-écrit et interprété par deux compagnies artistiques, Carabosse de Saint-Christophe-sur-Roc et le Teatro Linéa de Sombra de Mexico City, cette gigantesque installation de la taille d'un terrain de foot, a bien failli connaître le sort de beaucoup de migrants et ne jamais atteindre son but.
Au milieu de l'année 2010, Carabosse est contactée par le Commissaire chargé de la programmation de L'année du Mexique en France prévue en 2011. La feuille de route consiste à monter une création originale, impliquant les arts de la rue et proposée par une compagnie française et une autre mexicaine. Le choix se porte vite sur le TLS, qui a commencé sa carrière dans la rue. "Avec Jean-Marie Proust, nous nous sommes rendus à Mexico City en octobre 2010 pour une prise de contact", raconte Christophe Prenveille qui fait partie du collectif Carabosse, comme Jean-Marie. Après une représentation de Amarillo du Teatro, tout le monde se met autour d'une table. Au bout d'une semaine, la migration sur un plan mondial fait l'unanimité comme thème choisi... A condition de parler de l'humain, de redonner visage et voix à tous ces candidats à un " monde meilleur".
Chacun a le droit de quitter tout pays
Ce bel élan est rompu net le 8 mars 2011. Suite à des tensions franco-mexicaines autour du cas de Florence Cassez, l'année du Mexique en France est annulée. Article 13 n'a plus de financement. "Avec TLS, nous avons décidé de continuer malgré tout, mais de reporter le projet d'une année, le temps de retrouver de l'argent". L'enthousiasme et la solidarité ont joué : quatre Centres nationaux des arts de la rue ont répondu présent. Celui de Niort, L'Abattoir à Chalon-sur-Saône, La Paperie de Sotteville-lès-Rouen et Le fourneau à Brest. " L'institut français nous a accordé une aide exceptionnelle et puis Conaculta (organe culturel essentiel au Mexique) et l’Académie des Beaux Arts ont complété l'enveloppe avec nos deux compagnies et la Ville de Niort". La sérénité retrouvée, les artistes mexicains et français se rassemblent pour une résidence à Saint-Christophe-sur-Roc.
C'est pour les derniers réglages que tout ce petit monde s'est installé, depuis la mi-mai à Noron. Mais à quoi va ressembler ce spectacle ? "Nous sommes partis du treizième chapitre de la Déclaration universelle des Droits de l'homme, raconte Christophe Prenveille. Il stipule que, je cite, toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays".
Article 13 c'est un mémorial (environ 100 mètres sur 70), prévu pour 2.000 spectateurs, divisé en neuf carrés entrecoupés d'allées et placettes où le spectateur est invité à déambuler. Il va être confronté à l'intime et au gigantesque, croisera une énorme machinerie où l'eau, le feu et le sable se mélangent en un mirage ou se perdra dans le regard d'un migrant-acteur. Chaque périmètre figurera un moment de vie, redonnera un visage à un homme, une femme, une famille, qu'on découvrira entouré de sa misère : des bidons, de vieilles chaussures, des photos, etc. Il y aura aussi la musique originale composée par Aurélien Rotureau et Jorge Verdin, l'émouvante voix de Jesus Cuevas, des témoignages.
- Répétitions générales publiques : les 7 , 8 et 9 juin à 21h45 au parc des expositions de Noron.
(Le 18 mai 2012)
