Rencontre avec Patricia Véniel, artiste contemporaine dont les œuvres sont actuellement exposées à l'espace d'arts visuels du Pilori, à Niort.
> Pourquoi vous êtes-vous lancée dans la création d’œuvres d’art à plein temps ?
Patricia Véniel : Quand j’avais 26 ans, j’ai eu un grave accident de la route. Je suis restée immobilisée durant quatre ans. J’ai acheté de la peinture et des pinceaux, ça a été mon moyen de m’exprimer.
> Quel message essayez-vous de faire passer ?
P.V. : J’essaie de dénoncer la société d’aujourd’hui, je donne mon avis sur elle. Mes tableaux montrent les blessures dont les gens souffrent.
> Dans quelles conditions créez-vous vos œuvres ?
P. V. : Je crée toujours chez moi, de préférence la nuit. Mais avant tout, j’aime travailler dans l’urgence. Un mois avant l’exposition au Pilori, je n’avais achevé que trois tableaux, j’ai fait tout le reste dans l’urgence.
> Que pensez-vous de l’exposition? En êtes-vous satisfaite ?
P. V. : Je suis satisfaite de l’exposition car elle me permet de rencontrer des gens.
> Que signifie le robot en carton que vous exposez ?
P. V. : Il montre les gens qui se robotisent, qui obéissent aux ordres sans avoir leur volonté propre.
> Quel sens donnez-vous au diptyque sur les deux SDF de Niort ?
P. V. : Ce sont des gens que je connais. Ce diptyque montre les gens que la société rejette. Je donne mon avis.
> Pourquoi prendre toujours le même format pour vos tableaux ?
P. V. : C’est parce que je trouve que la société est trop carrée. Je prends toujours le format 50/50. De plus, j’encadre mes tableaux et je peins un fond noir pour qu’on puisse voir son reflet lorsque l’on regarde les tableaux, pour qu’on puisse s’associer au personnage.
> Pensez-vous que les gens comprennent le message que vous essayez de faire passer ?
P. V. : Ils comprennent, mais je ne peux pas les obliger à penser comme moi.
> Que pensez-vous du récent envol des prix de l’art contemporain ?
P. V. : C’est n’importe quoi. C’est une sélection qui ne permet qu’aux riches d’acheter de l’art. Cela devient un business qui permet aux riches de s’enrichir encore plus. C’est un investissement dans des œuvres d’art comme un investissement dans des immeubles. De plus, un artiste qui vendra une toile à 600 euros ne se verra gagner que 150 euros car chaque artiste doit obligatoirement adhérer à la maison des artistes et leur reverser 30% des gains pour chaque œuvre vendue et doit reverser à la galerie entre 50% et 80% de ses gains.
Propos recueillis par Yann Méteau
élève de 3e au collège Léo Desaivre de Champdeniers.
(Le 29 novembre 2013)