:Interview de Pierre Tartakowsky, président de la LDH

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l'Homme, sera présent à Niort à l'occasion du congrès national qui se tient au parc des expositions du 18 au 20 mai. Il répond à nos questions sur le rôle de LDH et son action au quotidien.

Publié le

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l'Homme, sera présent à Niort à l'occasion du congrès national qui se tient au parc des expositions du 18 au 20 mai. Il répond à nos questions sur le rôle de LDH, et son action au quotidien.

  • Pouvez-vous nous rappeler le rôle de la Ligue des droits de l'Homme ?

Pierre Tartakowsky : "La Ligue des droits de l’Homme a été créée au moment de l’affaire Dreyfus pour lutter contre les injustices, l’antisémitisme et le racisme. Par extension et considérant que les droits fondamentaux sont universels et indivisibles, elle a élargi sa réflexion et ses champs d’activité. D'une part, d’un point de vue géographique, en considérant que la mondialisation des marchés induit de lourds périls pour les droits, les libertés et l’avenir même de l’humanité, et d'autre part, d’un point de vue plus « horizontal" en intégrant au champ de ses préoccupations toutes les dimensions de la citoyenneté, singulièrement les droits sociaux."
   

  • Comment votre association exerce ce rôle au quotidien ?

Pierre Tartakowsky : "La LDH est riche de près de trois cents sections qui au quotidien exercent une activité de veille, de vigilance et de mobilisation autour des libertés menacées, des droits à faire respecter et contre les discriminations.  Elles utilisent pour ce faire tous les moyens non violents à disposition : réunions publiques, délégation auprès des élus et institutions, appels à exercer son droit d’expression et de critique par voie de pétitions, de réunions… La Ligue inscrit son activité dans le tissu de la société civile et veille à travailler avec d’autres partenaires, qu’ils soient associatifs, syndicaux ou politiques. Nous le faisons dans l’esprit d’indépendance et de coopération qui a toujours été le notre."
 

  • En France aujourd'hui, les droits de l'Homme ne sont pas tous respectés. Dans quels domaines devons-nous rester le plus vigilants ?

Pierre Tartakowsky : "Je serais tenté de dire que la vigilance ne peut pas se diviser. C’est d’ailleurs pour cela que la LDH se présente comme une association généraliste de défense et de promotion des droits. Nous avons connu, avec Nicolas Sarkozy, une période où les droits et les libertés étaient désignés à la vindicte, au prétexte de laxisme et de nécessité d’un ordre social autoritaire. Nous n’en sommes plus là, fort heureusement, même si on sent bien, dans le tréfonds du pays des peurs et un désir d’ordre moral qui ne laissent pas d’être inquiétants. La situation actuelle se caractérise par un poids très lourd de la crise financière – la priorité accordée à l’austérité met en péril tous les progrès promis ou envisagés- et de la crise démocratique. Les urgences s’appellent logement, santé, emploi… Le pire serait de se laisser convaincre qu’on va les résoudre plus facilement en renonçant à d’autres urgences qui sont le non cumul des mandats, la place des jeunes, le droit de vote pour tous les résidents étrangers aux élections locales…"
 

  • Pourquoi avoir choisi Niort pour l'organisation du 87e congrès national des Droits de l'Homme ?

Pierre Tartakowsky : "Dans le contexte de crise que j’évoque, nous nous intéressons de près à l’économie sociale et solidaire, courant social qui compte parmi ses penseurs fondateurs certains des pères de la LDH. Très diversifié dans sa réalité, ce secteur économique porte en ses principes des valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons – la solidarité, la mutualité – et met en œuvre des expérimentations sociales dont certaines nous permettent des mises en œuvre de solidarités concrètes, telle notre convention passée avec la Macif. Niort, de ce point de vue, est une ville phare puisqu’elle est marquée par la richesse des acteurs mutualistes qui l’ont choisi pour y vivre et y travailler."

(Le 15 mai 2013)

Actualités en relation