Marie Migot, l'ex-licenciée du SA Souché, est devenue l'espoir numéro 1 du tennis de table français. La jeune pongiste de 15 ans s'est envolée pour Tokyo Portrait.
Début juillet. En avance, Marie Migot et sa maman, Sylvie, ont pris place en terrasse, souriantes et complices. Le rendez-vous a été fixé à la volée. Il faudra être rapide et précis. Il n’y aura pas de deuxième service. Le lendemain, la petite, ex-étoile montante du SA Souché tennis de table décolle pour Ostrava (République Tchèque) afin de disputer les championnats d’Europe jeunes. Elle part pour deux semaines. Mais ce qui constituerait un événement pour toute autre jeune fille de quinze ans, relève ici de l’ordinaire pour une sportive, déjà, de haut niveau.
Plus exceptionnel, le voyage qui s’est organisé pour la fin de l’été. Le 3 septembre, la rentrée de Marie a été un peu… différente. Elle a décollé pour Tokyo et neuf mois de stage intensif dans une contrée majeure du tennis de table. C’est le moment choisi pour façonner ce pur talent et essayer d’en faire une valeur sûre de la discipline.
Sylvie et Jean-Laurent accompagnent la passion de leur fille depuis ses premiers pas. « Ils pratiquaient tous les deux en club à Périgné. Dès l’âge de 4-5 ans, je m’entraînais avec mon père à la maison », se souvient la championne. Sylvie ajoute que « petite, Marie ne jouait pas à la poupée, mais à tous les sports de raquette : tennis, badminton. » Des parents qui n’ont pas compté les kilomètres pour rallier les lieux des compétitions enfantines et qui aujourd’hui se sont fortement impliqués dans la préparation de l’ambitieux projet nippon.
On n’est pas sur le modèle des jeunes gymnastes soviétiques des années 60. Marie Migot souscrit, dans ses grandes lignes, à la panoplie classique de l’ado. « J’aime bien les fringues, j’ai lu Harry Potter… et la biographie de Rafaël Nadal, d’accord ». Mais dans son beau sourire franc, pas de doute propre à son âge. L’assurance de savoir où est son chemin lui confère une maturité sans doute un peu déconcertante pour les autres. « J’ai retrouvé avec plaisir mes amis d’enfance de Périgné. Ils ont grandi, tant mieux. Un écart s’était creusé entre nous. » Pour Vincent Loriou, un arbitre international qui la cotoie lors des compétitions : « ce qui marque chez Marie, c’est la gentillesse, le fair-play et la simplicité. Elle est appréciée pour ça dans le milieu.»
L’air angélique laisse deviner la ténacité. Elle n’en est pas arrivée là par son unique bagage génétique avantageux. Il lui a fallu bosser. Depuis qu’elle a quitté le giron familial de Périgné, il y a un an, elle a vécu en internat dans un collège de Nantes, sous l’égide du Pôle France. 27 heures de ping, dont 6 de culture physique par semaine, plus 13 heures de cours à ingurgiter pour obtenir le brevet des collèges : « une discipline quasi-militaire », souligne Sylvie. Et tous les mois elle est redescendue à Niort pour participer aux compétitions avec Souché.
Marie Migot a été récompensée de ses efforts. 2013 fut l’année du grand décollage. Pour la fédération, qui l’a repérée très jeune, elle est devenue l’espoir numéro 1. En mai, l’instance lui a même délivré une wild card, une invitation, pour participer aux Mondiaux seniors, à Paris Bercy. Une expérience unique pour le « bout-de–chou », qui s’est magnifiquement défendu, entrant dans le tableau final parmi les 128 meilleures de la planète. Elle y a aussi découvert la pression médiatique, les sollicitations permanentes : « c’était même un peu trop, elle a un peu craqué en rentrant ». D’autant qu’elle a enchainé avec les championnats de France juniors, dont elle est revenue titrée. Puis les « Europe » à Ostrava, d’où elle a finalement ramené deux médailles d’argent.
Cette année, entre deux smashs et trois sushis, d’autres fruits seront à cueillir. Ceux des Mondiaux jeunes à Rabat dès novembre, sûrement. Et avant tout, ceux d’une intense expérience de vie. Sayonara Marie.
(Le 1er octobre 2013)