Festival Téciverdi:Des migrateurs et des hommes
Publié le
Publié le
Téciverdi et son thème « Migrations » colle au profil de Mathias Enard, son futur parrain littéraire. Sortie d’un nouveau roman, moisson de prix pour le précédent, l'actualité de l’écrivain niortais n'attend pas la troisième édition du festival niortais pour s'enrichir.
« Je suis très content de participer au festival. Son aspect pluridisciplinaire est vraiment passionnant, d’un haut niveau créatif ». Souvent de passage dans sa ville natale, Mathias Enard est ravi de contribuer à l’événement niortais. D’autant que son profil semble parfaitement convenir au casting de Téciverdi 3. Le thème « Migrations » lui colle à la peau comme une combinaison de plongée. Lui qui, depuis vingt ans, s’immerge sans cesse, y compris en en acquérant les langues, dans les profondeurs des sociétés et des cultures orientales.
Après une enfance « des plus niortaises », découvrant l'Orient à travers ses premières lectures, il a filé sur Paris le bac en poche pour s'inscrire aux Langues O’ (l’Institut national des langues et des civilisations orientales). Cursus qui lui permet d'enchainer les périples au Caire, en Syrie, au Liban... et de se confronter au réel de cet ailleurs jusqu'alors rêvé.
"Tout sera oublié"
Ce printemps 2013, Mathias Enard a sorti "Tout sera oublié" un texte (très) illustré par les dessins sur photos de Pierre Marquès. Il traite de la mémoire dans le paysage, des monuments, de la trace de l’Histoire. Le récit est celui d’un artiste à qui on demande d’imaginer un édifice en mémoire de la guerre des Balkans : un monument « qui ne soit ni serbe, ni bosniaque, ni croate pour cette guerre oubliée plus que terminée. »
Ce projet n’est pas le premier à avoir réuni ces deux auteurs français, installés à Barcelone. Collaboration marquée par l’éclectisme : après « Bréviaire des artificiers » en 2007 (un guide en dix leçons pour apprenti terroriste) ils ont produit « Mangée, mangée » en 2009 (un conte pour enfants).
La dimension de l'individu
La fiction, comme toujours chez Mathias Enard, prend corps dans le réel. On se dit que l’ancien universitaire aurait pu choisir l’écriture journalistique, tant les récits sont ancrés dans le vécu. Mais « quand on écrit des romans on peut prendre plus de distance que le journaliste. On peut utiliser l’expérience de la subjectivité. Le rapport au réel est différent. On donne à voir la dimension de l’individu face au monde, à l’actualité. »
Depuis longtemps, Mathias prépare un autre type de voyage, une aventure plus sociologico-historique qui le ramènera de ce côté-ci de la Méditerranée : « une espèce de saga sur la ruralité, une fresque historique se déroulant dans le Bas-Poitou. »
Une moisson de prix pour "Rue des voleurs"
Habitué des prix littéraires (le Prix du Livre inter pour « Zone », Goncourt des lycéens pour « Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants », entre autres), Mathias Enard fait une véritable razzia avec "Rue des voleurs" (Actes Sud 2012).
Il a reçu, en juin, les prix du Roman news (1) et le prix de l’Académie littéraire de Bretagne et Pays de Loire (2). Récompenses qui complètent une liste déjà longue comme le bras : Prix de littérature et journalisme Marguerite Puhl-Demange (3), le Prix littéraire de la Porte Dorée (4), Mention spéciale du prix Claude Chabrol-Château Parnay (5), Liste Goncourt le choix de l’Orient (6). « Je ne sais pas trop comment interpréter tout cela... C’est assez utile pour les livres, déclare l'intéressé. Cela permet de porter l’attention médiatique sur la littérature, qui en bénéficie peu. » La médiatisation, il sait « que ça fait partie du métier. Il faut être prêt, c’est une grande part de l’activité, mais ça s’arrête vite. »
(1) Prix du Roman news : récompense une œuvre de fiction francophone qui s’inspire de l’actualité et la traite comme un roman.
(2) Prix de l’Académie littéraire de Bretagne et Pays de Loire
(3) Prix littérature et journalisme Marguerite Puhl-Demange : festival se déroulant en Moselle.
(4) Prix littéraire de la Porte Dorée : récompense un roman ou un récit écrit en français traitant du thème de l’exil. Il est remis par la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, l’un des partenaires majeurs de Téciverdi en 2014.
(5) Mention spéciale du Prix Claude Chabrol-Château Parnay : roman adaptable au cinéma, décerné aux journées nationales du livre et du vin de Saumur.
(6) Liste Goncourt le choix de l’Orient : jury composé d'étudiants originaires de cinq pays arabes choisissant leur lauréat parmi les romans figurant dans la deuxième sélection du prix Goncourt.
(Le 8 juillet 2013)
Publié le