:Photographier l’adolescence

La photographe Anne Leroy accueillie en résidence au collège François-Rabelais a mené un projet personnel sur le thème de l’adolescence et conduit un travail avec des collégiens, en lien avec l'association Pour l'instant.

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La photographe Anne Leroy a été accueillie en résidence au collège François-Rabelais, cinq semaines de janvier à mai 2012. Elle y a mené un projet personnel sur le thème de l’adolescence intitulé Au collègeet conduit un travail avec des collégiens de 4ème et de classe ULIS (unité localisée pour l’inclusion scolaire). Les photographies de cette résidence préparée avec l'association Pour l'instant sont exposées jusqu’au 6 juin au collège. Interview d’Anne Leroy.
 

  • En quoi consistait cette résidence ?

Anne Leroy. Ce travail est né du désir de revenir sur les souvenirs du collège. Ce temps où les corps changent, où l’identité commence à s’affirmer, avec en même temps le désir d’être à la mode, d’appartenir à un groupe. Cette résidence s’inscrivait dans le dispositif d’éducation à l’image  écritures de lumière, initié par le Ministère de la culture. Elle comprenait deux volets principaux : un travail personnel et un travail avec des collégiens : deux classes de 4ème et la classe ULIS. Ce projet mené avec l’association Pour l’instant a été préparé par Xavier Ribot, enseignant en arts plastiques au collège Rabelais.
 

  • Parlez-nous de ce premier volet ?

Anne Leroy. Le premier volet est un projet personnel sur le thème de l’adolescence : à travers le portrait, d'une part,  avec un travail sur les attitudes et postures des ados. D'autre part à travers le reportage : je me suis intéressée aux jeunes en interaction les uns avec les autres, aux rituels sociaux. Parmi la vingtaine d’images exposées se trouvent aussi quelques natures mortes sur des objets de la culture ados, comme le téléphone portable.
 

  • Comment avez-vous travaillé avec les collégiens de 4ème ?

Anne Leroy. Pour le second volet, j’ai travaillé avec deux classes de 4ème et la classe ULIS. Les 4èmes ont mené un travail d’écriture sur la culture ado. Je les ai questionnés : quand ils ne sont ni au collège, ni en famille, où vont-ils, avec qui et que font-ils ? Ensuite, ils ont composé et organisé collectivement des mises en scènes, lors de séances dans différents lieux choisis : le skatepark, la piscine de Pré-Leroy, le jardin des plantes, le Méga CGR, le Mac Donald’s. Chacun était tour à tour photographe, modèle, directeur artistique…
(ndlr : ce travail sera présenté cette année aux rencontre d’Arles, dans le cadre du volet pédagogique du projet de centre d’art photographique Villa Pérochon.)
 

  • Et avec les jeunes de la classe ULIS ?

Anne Leroy. Les élèves de la classe ULIS ont mené un travail d’écriture sur les représentations de l’adolescence. Puis un travail photographique : quel regard portent-ils sur cet établissement qui fait leur quotidien? Je leur ai demandé de photographier les endroits qu’ils aimaient, les endroits qu’ils détestaient. Ils se sont aussi photographié eux. Lors de la préparation de l’exposition, ils n’ont pas eu envie d’être exposés sur les murs du collège. J’ai donc montré une sélection d’images de l’établissement, que j’ai pris le parti de présenter en petits tirages sous maries-louises.

  • Quelle appréciation portez-vous sur cette résidence ?

Anne Leroy. C’était très dense, extrêmement enrichissant. Et très confortable de travailler des semaines espacées sur quatre mois. Cela m’a permis de prendre du recul. Je pense que cela a été le cas pour les élèves aussi. Cela les a amenés à réfléchir à la démarche d’un photographe.

Des propos corroborés par Xavier Ribot, enseignant en arts plastiques au collège Rabelais :  «Je suis très content. Les élèves aussi. Ils aiment se voir. Et le travail d’Anne les amène à la question : Qu’apporte un photographe ? Ceux qui ont accepté de poser pour un portrait s’aperçoivent qu’il faut s’interroger, qu’il y a une démarche d’auteur et non une simple capture. C’est un travail équilibré, qui se veut complet. Pour moi, en tant qu’enseignant, les choses démarrent maintenant, après la résidence. »

Propos recueillis par Véronique Duval
(Le 6 juin 2012)


•    Originaire de Niort,  Anne Leroy a été collégienne à Pierre et Marie Curie.  Aujourd’hui domiciliée à Bordeaux, elle a exposé en 2011 au Pilori sa série Moynaq, Ouzbekistan.