:Un polar à la niortaise

Alain Bouchon, l’auteur du polar Niort et la main morte, sera présent à la Librairie des Halles samedi 30 novembre pour rencontrer ses lecteurs. Interview.

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Alain Bouchon, l’auteur du polar Niort et la main morte, sera présent à la Librairie des Halles samedi 30 novembre de 10h30 à 13h pour rencontrer ses lecteurs. Interview. 

L’action se déroule à Niort. Plusieurs indices nous font penser qu’elle a lieu en 2012. Catherine Valet, est une inspectrice de police quinquagénaire, du 1er arrondissement de Paris. Parce qu’elle est originaire de Niort, son commissaire la dépêche sur une sombre histoire de main coupée, découverte sur le chantier du bâtiment de l’une des grandes mutuelles niortaise : la MASTER.

  • Comment vous est venue cette idée de ce polar ?

Alain Bouchon : Je travaille à la Maaf. Un jour, alors que je partais déjeuner, je suis passé devant un vaste chantier. Alors je me suis demandé qu’elles seraient les réactions si on trouvait, ici, une main esseulée. J’avais le départ d’une histoire, sans savoir où ça allait me mener. Je n’ai d’ailleurs trouvé la fin que lorsque j’en étais à la rédaction de la page 200.

  • Vous voulez dire que vous avez découvert l’histoire de « Niort et la main morte » tout en l’écrivant ?

A. B. : Oui, c’est plus amusant comme ça. Même si cette idée d’énigme à résoudre n’est pas si essentielle. Pour moi, le genre polar était un moyen pour aborder le fond. Je ne suis d'ailleurs pas un très grand lecteur de polars. Je me suis inspiré des romans d’un couple d’auteurs suédois des années 70, Sjöwall et Wahlöö. Ils m’ont donné envie d’écrire sur mon environnement. Je voulais faire un polar niortais. Le personnage principal du roman, c’est Niort.

  • Quel angle avez-vous utilisé pour aborder ce thème ?

A. B. : La question au départ c’était de savoir comment parler de Niort. L’aborder en disant que tout est beau ici, ça ne cadrait pas trop une ambiance de polar et je pense que le livre vous serait tombé des mains rapidement. J’ai choisi le regard inverse en utilisant celui, très critique au départ, de mon héroïne, qui s’améliore au fil des pages. L’utilisation du personnage féminin me permettait aussi de contourner les amalgames avec ce qui aurait pu être ma vision à moi, l’auteur.

  • Quelle est-elle, la vôtre ?

A. B. : Je me déplace beaucoup pour mon travail. J’ai l’occasion de la comparer avec d’autres. Niort est une ville curieuse qui mérite qu’on la regarde. Pourtant elle n’a pas un énorme patrimoine architectural, son milieu géographique n’est pas remarquable. Mais en cherchant, on trouve des choses très intéressantes. Notamment ce passage historique de l’industrie des peausseries - que l’avènement du nylon a tué – au mutualisme. C’est rare une telle conversion économique et aussi rapide.

  • Vous évoquez aussi la transformation physique de la ville. Votre héroïne parcours la place de la Brèche en plein chantier…

A. B. : Oui et elle est de mauvaise humeur à ce moment-là… Niort a beaucoup changé en dix ans. Elle est aujourd’hui complètement différente et c’est très réussi. Il y a peu de villes de 60 000 habitants qui ont changé à ce point. Le livre m’a permis d’approfondir mon regard sur la ville. L’idée était aussi d’aider les Niortais à se poser des questions à son sujet.

  • Vous semblez en revanche assez critique avec le milieu des assurances - autre toile de fond de l’action - que vous connaissez bien.

A. B. : Non, non ce n’est pas une critique. Il ne faut pas assimiler le cadre de la MASTER avec le mien. J’ai pris une partie des exemples de fonctionnement à l’étranger. Par exemple le moment où les salariés arrivent dans la société le matin, s’emparent de leur valise de travail. J’ai vu ça au cours d’un voyage chez un partenaire, une société néerlandaise. Car l’un des thèmes traités c’est le changement vers la modernité.

  • Comment avez-vous travaillé avec votre éditeur, Le Geste noir ?

A. B. : Je leur ai remis un premier jet du livre. Enfin pour moi c’était la version définitive… Ils m’ont immédiatement dit qu’ils allaient me publier. Ils trouvaient que la vision de Niort était originale. Ils m’ont demandé d’apporter des corrections mineures et justifiées. Par exemple, je faisais arriver Catherine Valet à Niort par le train, dans une antique Micheline jaune et rouge. L’action se déroulant en 2012, le TER était préférable. De même, j’avais nommé l’inspectrice Berthe, en hommage à une personne que je connais. Là encore, ça faisait anachronique avec l’âge de la personne. J’ai donc consulté la liste des prénoms d’une de mes photos de classe, vu que je suis de la même génération.

  • Combien de temps vous a pris l’écriture de ce roman ?

A. B. : Un an. Tous les matins je me lève à 6 heures et c’est la première chose que je fais après mon petit déjeuner. J’écris pendant 45 minutes. Au début cela demande un grand effort de volonté. J’ai toujours gribouillé un petit peu dans mon coin. Là, c’est la première fois que je restais sur un chantier jusqu’au bout. Aujourd’hui je suis sur deux autres projets, dont un polar.

  • Connaissez-vous Bruno Bouchière - également présent à la Librairie des Halles samedi – dont le polar « Premium doloris – Meurtres au pays des Mutuelles ». se déroule dans le milieu mutualiste ?

A. B. : Oui, je le connais, il travaille aussi à la Maaf. C’est un hasard si nos livres sortent en même temps. Nos collègues en sont assez surpris…

Propos recueillis par Karl Duquesnoy
(Le 26 novembre 2013)

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