On a tous nos petites et grandes peurs, mais quand celles-ci atteignent le stade phobique, là les choses et la vie se compliquent terriblement, jusqu’à faire faire vivre un véritable enfer à celui qui en est atteint. La famille et l’entourage n’étant évidemment pas épargnés. « Le phobique peut vivre avec sa phobie. Il s’adapte. Il évite tout simplement de croiser l’objet de ses peurs », explique Isabelle Viaud-Delmon, chercheur au CNRS, au sein du laboratoire “Vulnérabilité, adaptation et psychopathologie“. Mais il peut en faire pâtir son entourage. Imaginez quelqu’un qui refuse de louer ou d’acheter une maison parce qu’elle suspecte que celle-ci est pleine d’araignées. La famille devra se passer de cette maison, même si elle lui plait énormément. Là, la phobie, pose problème. »
Désinhiber les phobiques, c’est le sens du travail (entre autre) d’Isabelle Viaud-Delmon. « La phobie, c’est quelque chose qui se transmet, mais pas dans les gènes. On la fait perdurer dans nos cocons familiaux jusqu’à ce qu’elle devienne invivable ». La peur des araignées serait, selon elle, naturelle, mais devrait s’estomper au fur et à mesure que l’on grandit et vieillit. Des phénomènes encore peu connus font que chez certains cette peur perdure et se transforme en phobie sans être liés à des événements traumatisants. La cynophobie n’est, par exemple, pas forcément consécutive à une attaque de chien. Pas plus que les arachnophobes n’ont nécessairement eu à subir de désagréments liés à la cohabitation avec des araignées.
Quand le phobique rencontre sa phobie
La question est de savoir quelle thérapie employer pour guérir les phobiques de leur mal. « Il faut désassocier les stimuli de l’objet de la phobie, et pour ça, une des choses qui marche bien, c’est la mise en situation. On confronte le phobique à l’objet de sa peur. »
Que les phobiques se rassurent, il ne s’agit pas de se faire renfermer dans une pièce avec des araignées, des serpents, des chiens et autres éléments phobogènes. Mais l’idée est là. Isabelle Viaud-Delmon emploie pour cela la technologie de la réalité virtuelle qui permet de confronter le phobique à des images de l’objet de sa peur, en les modulant pour qu’elles ne soient pas rejetées, mais progressivement acceptées. Il s’agit de familiariser le patient avec ce qui lui fait peur et le lui faire accepter dans son univers. Cette technique a largement fait ses preuves et se targue de désensibiliser les phobiques en quelques séances.
Isabelle Viaud-Delmon souligne, par ailleurs, l’importance des messages délivrés par des événements tel le festival Teciverdi qui donne une image positive de ces petites bêtes qui font peur et dont nous avons une perception faussée par de pseudo certitudes.
Alors, Teciverdi une bonne thérapie contre les phobies ? Un bon début tout au moins. Ou l’art de joindre l’utile à l’agréable.
Conférence sur le traitement des phobies avec Isabelle Viaud-Delmon, dimanche 1er juillet à 20h30, dans la grande salle du Moulin du Roc.
(Le 1er juillet 2012)
Nota. La liste des phobies n’a pas de limite, pas plus que le nom qui est parfois donné à chacune. Nos préférés :
- Hexakosioihexekonahexaphobie : Peur du nombre 666
- Alektorophobie : Peur des poulets
- Apopathodiaphulatophobie : Peur d’être constipé
- Automysophobie : Peur d’être sale, de sentir mauvais
- Sidérodromophobie : Peur de voyager en train
- Paraskevidékatriaphobie : Peur du vendredi 13
- Leucosélophobie : Peur de la page blanche