:Embarquement immédiat pour l’avenir

Des élèves de 3e du collège Jean-Zay, présentant des signes de décrochage scolaire, apprennent à manœuvrer une yole.

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Des élèves de 3e du collège Jean-Zay, présentant des signes de décrochage scolaire, apprennent à manœuvrer une yole.

Maman les petits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des jambes ? Celui-ci, oui. Celles des quatorze élèves de troisième du collège Jean-Zay, qui ont souvent eu envie de les prendre à leur cou pour fuir un système scolaire auquel ils ont du mal à s’adapter. L’embarcation, tout de bois fuselée, d’une dizaine de mètres, est une yole de Bantry. Amarrée au port de la base nautique de Noron, elle sert de support à « une action de soutien à un groupe d’élèves en difficulté, qui ne trouvent pas leur compte à l’école, formalise Valérie Boismorand, la professeure de sport à l’initiative du projet. L’idée est de former un groupe uni, de les faire ramer ensemble. »

En mer le 3 juin
Ce jour-là, ils sont six à avoir répondu présent pour la troisième sortie sur le plan d’eau calme de la Sèvre. Il faut parfaire l’entraînement avant la sortie en mer, prévue le 3 juin à La Rochelle. Nicolas François, l’animateur, est à la barre. Le bateau est stable, mais on ne monte pas dessus sans méthode. « Il faut suivre des consignes, faire confiance à un adulte, c’est déjà une part importante du travail. » Sortir les immenses avirons sans blesser quiconque, ramer ensemble et en rythme, connaître son bâbord et son tribord... Ils navigueront ainsi pendant une bonne heure, avant d’effectuer des manœuvres à terre, notamment pour apprendre à hisser les voiles en vue de la sortie maritime.

Des rapports de confiance s’installent
« Ça nous distrait des cours », témoigne Faiza. « C’est bien de faire des choses à l’extérieur », ajoute Valentin. Valérie Boismorand constate déjà les bénéfices de l’opération : « sur l’eau ils ont la banane. Ici, ils sont concentrés, ils écoutent les consignes ». Par ailleurs, « ils sont plus solidaires, des rapports de confiance s’installent. C’est important, car les élèves en difficulté sont souvent esseulés. Ils ont une mauvaise estime d’eux-mêmes, donc ont tendance à fuir. »

Un enseignement adapté
Cinq filles et neuf garçons ont ainsi été identifiés en fin de quatrième comme présentant des signes de décrochage. Répartis sur deux classes, ils bénéficient aussi d’un enseignement adapté des maths, du français et de l’histoire. « L’objectif, c’est le brevet en série professionnelle à la fin de l’année », pose Eric Sanchez, le principal de Jean-Zay, pour qui les moyens alloués par l’établissement et l’Etat – environ 6000 euros – sont très justifiés. « Ces élèves acceptent moins l’effort. Ce ne sont pas des caïds méchants. Si on ne faisait rien ils disparaîtraient simplement du système, sans bruit. » Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à des résultats magiques. C’est vrai, les rangs étaient moins fournis que lors des premières sorties. Mais la yole continue d’avancer, le capitaine et son équipage sont décidés à souquer ferme contre tous les vents contraires.

(Le 14 mai 2014)

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